Garde alternée : témoignages de parents séparés

Temps de lecture : 7 min

Aujourd’hui, 12 % des enfants dont les parents sont séparés vivent en résidence alternée (contre 10,6 % en 2018), soit environ 480 000 enfants mineurs sur les 4 millions d’enfants ayant des parents divorcés ou séparés. Parents et enfants doivent s’adapter aux nouvelles conditions de vie de la garde alternée et aux temps d’alternance. Certains souffrent de la garde alternée, quand d’autres profitent de ses bons côtés. Témoignages et conseils de parents séparés.

Elodie, 39 ans « Je souffre de la garde alternée »

Mère célibataire, divorcée depuis deux ans, Elodie aurait préféré avoir sa fille Sonia, 7 ans, en résidence principale mais le juge a tranché en faveur de la garde alternée, à la demande du père. « Les premiers mois ont été très éprouvants. Il a fallu gérer la logistique, les finances et les agendas, tout en mettant de côté nos rancœurs. Je souffre de la garde alternée car j’ai une relation fusionnelle avec ma fille depuis qu’elle est bébé. J’ai besoin de savoir comment elle va, j’aime qu’elle me raconte sa journée, j’adore nos moments le soir où je lui lis des livres… Son père constate aussi que ma fille souffre de la garde alternée car le dimanche soir est un déchirement. Après plusieurs semaines de discussion avec une médiatrice familiale, nous avons décidé de modifier les temps d’alternance pour les raccourcir. On commence à tester le mode 5-2-2-5. Par exemple, lundi et mardi, ma fille va chez son père, mercredi et jeudi, elle est chez moi, puis les week-ends, elle reste chez l’un de nous deux en alternance les vendredi, samedi et dimanche. Grâce à la médiatrice, son père et moi communiquons un peu plus (uniquement au sujet de notre fille) et un peu mieux (sans se crier dessus). Et surtout, je peux parler à ma fille en vidéo tous les jours. »

Claudia, 37 ans « Il ne faut pas hésiter à se faire aider par un psy ou une médiation »

Séparée depuis 2019, son fils avait 9 ans quand la résidence alternée a été mise en place. « Il y a trois ans, j’avais du mal à accepter la séparation. J’ai longtemps souffert de la garde alternée car ce n’était pas mon choix. Je reconnais que mon ex a le droit d’exercer son rôle de parent autant que moi. Il avait quitté le domicile familial pour une autre femme et je ne comprenais pas pourquoi notre fils aurait eu à en pâtir, en changeant de foyer toutes les semaines. Ce qui a m’a sauvé : un suivi psychologique. Après un an de thérapie (le psy ayant passé du temps également avec mon ex et mon fils), la communication s’est apaisée et nous avons mis en place des outils pour assurer une coparentalité équitable et garantir en priorité le bien-être de notre fils. Au début par exemple, il y a eu le “cahier de liaison”. Cela nous évitait de nous parler directement, mais on consignait toutes les infos dans le cahier (les remarques des maîtresses en classe, un possible début d’angine à surveiller, un changement dans son comportement, etc.). Aujourd’hui, on l’utilise beaucoup moins mais on dispose d’un agenda partagé. Lucien (mon fils) est plus calme lui aussi. Même à l’école, sa maîtresse a constaté qu’il est plus concentré, moins effacé en classe. Je pense qu’il a pris confiance en lui. La psychologie a quand même ses limites. Même séparés, je porte encore toute la charge mentale. Je dois gérer les frais partagés, le calendrier et toute la logistique, comme le rappel des rendez-vous (orthodontiste, cours d’anglais, spectacle de cirque, etc.), le suivi scolaire, les mémos pour ne pas oublier les affaires de foot ou le carnet de santé. »

Didier, 43 ans « Il faut du temps pour trouver le rythme de garde alternée qui convient aux enfants et aux parents »

Papa de deux enfants âgés de 10 et 13 ans, Didier est divorcé depuis 2017. « Mon ex-femme et moi avions décidé de la résidence alternée d’un commun accord, une semaine sur deux. Mais après quelques mois, je n’aimais pas le fait de devoir se réorganiser tous les lundis. Et les dimanches, c’était la déprime générale. Nous avons testé d’autres temps d’alternance, mais les rythmes plus courts comme le calendrier 2-2-3 étaient trop contraignants et on se perdait dans la logistique. Sur les conseils d’une amie avocate, depuis deux ans, nous faisons la transition le vendredi après l’école. Cela marche beaucoup mieux. Ce rythme nous permet de démarrer le week-end avec les enfants, nous avons plaisir à nous retrouver. Le lundi, les enfants enchaînent plus facilement avec la semaine d’école. Je redoute le moment où ils en auront (vraiment) assez d’avoir deux maisons. Comme beaucoup d’ados, ils chercheront peut-être plus de stabilité. C’est pourquoi avec leur mère, nous vivons déjà très proches l’un de l’autre – même si c’est pénible de se croiser régulièrement dans la rue ou au supermarché. »

Céline, 41 ans « Les différences éducatives sont restées une source de conflit »

Séparée depuis 4 ans, maman de deux filles de 10 et 12 ans, Céline tente de préserver le bien-être des enfants malgré le conflit parental. « La garde alternée s’est imposée comme une évidence quand j’ai décidé de quitter mon ex-conjoint. Il s’occupait déjà beaucoup des filles avant la séparation. Au début, je voulais préserver le quotidien de mes filles et leur imposer le moins de changement possible. Comme il a gardé notre logement (à loyer modéré), il a fallu que je trouve un appartement à proximité et suffisamment grand. Financièrement, cela a été très compliqué. Le plus difficile selon moi, c’est pour le logement. J’ai de nombreux amis pour qui ce mode de garde n’est pas possible, uniquement pour des raisons financières. Nous avons tout de suite opté pour un temps d’alternance 5-2-2-5. L’avantage de ce rythme, ce sont les repères fixes : les lundis et mardis, les filles sont toujours chez papa, les mercredis et jeudis, chez moi. C’est pratique également pour les activités. Par exemple, on sait que les affaires de piscine restent chez papa. De mon côté, je peux aller tous les lundis à mon cours de chant. Leur père et moi sommes en conflit depuis notre séparation. Nous n’avions déjà pas la même conception de l’éducation avant la séparation, mais au moins on en parlait. Là, il n’y a plus aucune communication entre nous. Quand c’est nécessaire, les messages passent par les enfants. Je ne peux pas faire autrement. Il refuse toute forme de conciliation ou de médiation. Parfois, il va à l’encontre de mes principes ou de mon avis uniquement par revanche ou esprit de contradiction. Les filles ont bien vu la différence et elles en jouent. Tous les mercredis quand on se trouve chez moi toutes les trois, je sais d’avance qu’on va se disputer. Heureusement, ça ne dure qu’une soirée, mais c’est épuisant. »

Antonio, 46 ans « Je suis beaucoup plus impliqué dans mon rôle de père »

Divorcé depuis 2 ans, la garde alternée a « forcé » ce papa de trois garçons de 8, 10 et 12 ans à revoir ses priorités. « Depuis qu’ils sont en résidence alternée, j’ai l’impression que mes enfants portent un autre regard sur leur père. Notre relation a changé. Par exemple, ils se confient à moi autant qu’à leur mère. Au début, je vivais mal la garde alternée car je n’avais pas changé mes habitudes ni mon rythme professionnel. Mon travail était une parfaite excuse pour éviter la maison et surtout la vie de couple. Mon ex-femme m’a beaucoup reproché mes absences. Mais avec mes enfants en résidence alternée, j’ai repris du plaisir à être en famille, à cuisiner pour eux. Je fais partie intégrante de leur vie. Bien sûr, j’ai levé le pied dans mon travail, mais quand les enfants sont chez leur mère, je m’arrange pour faire des plus longues journées au boulot.»

Malika, 46 ans, « C’est difficile de ne pas culpabiliser »

Maman d’un garçon de 9 ans, Malika est divorcée depuis 1 an et souffre de la garde alternée. « Je culpabilise beaucoup de ne pas m’occuper de mon fils une semaine sur deux. Je me sentais déjà très mal de devoir lui faire subir un divorce, mais là… c’est comme si le sentiment d’abandon venait s’ajouter à la culpabilité de ne pas avoir pu sauver mon mariage. Je suis triste, je ressens un « vide » quand je rentre chez moi le dimanche soir, après avoir déposé mon fils chez son père. Mon entourage m’incite à « profiter » des jours sans enfant pour prendre du temps pour moi, reprendre en main ma vie personnelle et affective. Depuis quelques mois, j’ai commencé une nouvelle formation professionnelle, cela me redonne confiance en moi petit à petit. Si le « vide » est encore présent, je pense qu’il se transforme progressivement en sentiment positif. »

Pour conclure, l’organisation du quotidien des parents séparés n’est pas toujours facile. Pour – de galères de planning et + de gardes cocooning, découvrez Share(d), l’appli de toutes les familles, et la fonctionnalité de gestion des Plannings de garde alternée pensée spécialement pour les parents séparés !

Publié par L’équipe Share(d)

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