Impact du conflit des parents sur les enfants : l’œil de la science

Temps de lecture : 5 min

Tout le monde se dispute ! Adultes, enfants, les désaccords font partie de la vie. Ils sont même salvateurs et permettent à l’identité unique de chacun de s’exprimer. Apprendre à les gérer permet d’améliorer le vivre ensemble. Un couple qui se dispute reste un couple qui parle et communique. C’est l’occasion pour un enfant d’apprendre que la communication peut résoudre un désaccord. Mais la parole peut être dévastatrice, surtout si elle s’accompagne d’un rapport de force, physique ou verbal, ou que le climat de conflit est trop important. Alors, le conflit des parents peut impacter dangereusement les enfants. Comment gérer les disputes devant l’enfant ?

Quand le conflit parental est hors de contrôle

Sénèque, dans son traité philosophique « De la colère » écrit : « la dispute alimente la dispute et engloutit ceux qui s’y plongent ». 

La majorité des parents ont conscience de l’importance de préserver leurs enfants. Beaucoup sont prêts à faire des concessions, des compromis et à prendre sur eux en cas de désaccord. Car l’objectif final est commun : préserver les enfants. 

Mais parfois le conflit entre parents est trop important, et ça déborde. 

La fatigue et le stress liés à la parentalité, aux difficultés de la vie, peuvent diminuer notre capacité à prendre sur nous et relativiser. 

Parfois aussi l’un des parents se montre déloyal, maltraitant voire même violent vis-à-vis de l’autre. 

Il devient alors difficile de maîtriser l’impact des conflits parentaux sur les enfants et ceux-ci se retrouvent mêlés à des histoires trop grandes à porter sur les petites épaules. 

La séparation des parents est une période particulièrement à risque, puisqu’elle modifie tout l’équilibre de la famille, comme l’explique la DREES (direction de la recherche, rattachée au ministère de la santé). 

Notre article « Divorcer et préserver ses enfants » >

« L’établissement de nouvelles frontières relationnelles constitue une difficulté récurrente dans l’après séparation, les parents étant sans cesse travaillés par cette injonction paradoxale : 

  • maintenir le lien parental tout en aspirant à l’indépendance, 
  • garantir un cadre éducatif cohérent tout en respectant l’autorité parentale et la liberté éducative de l’autre.» (rapport de la DREES – Décembre 2018)

Conséquences des conflits sur le développement du cerveau des enfants

Quel que soit leur âge, les bébés comme les enfants ressentent l’état émotif de leurs parents, y compris en cas de conflit parental. 

Grâce à l’avancée des recherches en neurosciences, on sait désormais que les émotions ont un impact incroyable sur le développement du cerveau des enfants

Par exemple avant 5 ou 6 ans, l’enfant ne peut pas contrôler seul ses émotions car son cerveau n’est pas encore mûr et surtout très fragile. Il a du mal à gérer les tempêtes émotionnelles qui le traversent (joie, peur, tristesse) et qui désarment parfois les parents. 

Pour Catherine Gueguen, pédiatre et auteure de nombreux ouvrages sur le thème des neurosciences appliqués à la petite enfance, « un enfant dont l’émotion est ignorée ou incomprise va développer un état de stress qui active l’amygdale cérébrale-centre de la peur, et provoquer la sécrétion de cortisol et d’adrénaline, toxiques pour sa santé psychologique et motrice ».

Tout ce que les enfants perçoivent et ressentent crée des connexions dans leur cerveau encore en développement. Or, ces connexions, qui ont été le plus souvent utilisées pendant l’enfance, risquent d’être reproduites par le cerveau en grandissant. Les bonnes comme les mauvaises habitudes des parents structurent directement le cerveau des enfants.

Partant de ces connaissances en neuroscience, la recherche s’interroge régulièrement sur les conséquences développementales sur l’enfant, lorsque celui-ci assiste aux scènes de disputes répétées ou est le témoin du conflit de ses parents. On sait aujourd’hui qu’il n’a pas la maturité nécessaire pour maintenir le conflit à distance ni en comprendre les enjeux. L’enfant a tendance à intérioriser ses émotions, ce qui a un impact sur sa santé mentale et physique. Plus que la situation familiale (en couple ou séparé), les recherches indiquent que c’est bien le conflit parental qui impacte la santé de l’enfant.

D’autres études ont prouvé que le conflit parental augmente le risque chez l’enfant d’exprimer sa souffrance par des réactions d’anxiété, de dépression, d’agressivité ou encore de conduites à risques. Les conséquences sur sa vie d’adulte varient en fonction de l’intensité du conflit, de sa fréquence et bien sûr de ses enjeux. Une étude menée aux USA a même prouvé que le système immunitaire des adultes ayant subi le conflit de leurs parents pendant l’enfance est moins performant que ceux ayant eu des parents qui s’entendaient bien. 

Pour apaiser les relations, ne pas hésiter à se faire aider

Mariés, séparés, divorcés, tous les parents peuvent agir sur les conflits. Ils ont tout à gagner à se faire aider par des professionnels spécialisés.

Pour renouer la communication entre parents, il est possible de faire appel à un médiateur familial. Il existe également des psychologues spécialisés, ou bien des coachs parentaux ou familiaux : ils peuvent apporter les bons outils et aider à modifier ses comportements. 

Si les disputes ont des répercussions sur le comportement des enfants (stress, anxiété, difficultés à gérer ses émotions, comportements violents, etc.), il est important de leur permettre d’avoir un accompagnement adapté (psychologues ou pédopsychiatres). En cas de doute, n’hésitez pas à interroger votre médecin de famille, qui pourra vous guider et conseiller vers l’aide adaptée.

Il existe également des associations locales pour soutenir les parents en difficulté, notamment le Réseau d’Écoute d’Appui et d’Accompagnement des Parents (REAAP), présent dans une centaine de départements français. Il réunit un grand nombre de dispositifs de soutien à la parentalité (professionnels et bénévoles) et apporte de l’aide aux parents. Si le conflit est très aigu et marqué par de la violence, il est indispensable de se faire aider pour en sortir : rapprochez-vous d’un avocat ou d’une association (par exemple le CIDFF le plus proche de chez vous). 

Aujourd’hui, de nombreuses ressources existent et ne demandent qu’à être utilisées. Car l’harmonie des relations humaines n’est pas l’absence de conflits, mais bien la capacité à mieux les gérer.

Publié par L’équipe Share(d)

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