Un pas en avant, trois pas en arrière, voilà un (très) bref résumé de l’état de l’égalité femmes-hommes dans le monde. Simone de Beauvoir disait « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis ». Sa prédiction féministe s’avère très juste à l’ère de la crise du Covid-19. Celle-ci a creusé les inégalités de genres dans le monde entier, la France n’étant pas épargnée. Nous sommes face à une régression inédite de l’égalité femmes-hommes, comme l’indiquent de récents rapports publiés par l’ONU, Oxfam ou encore le Forum de Davos. Les femmes sont les premières touchées par les impacts économiques. Plus que jamais, il est temps d’encourager l’égalité femmes-hommes dans toutes les sphères de la vie, personnelle et professionnelle.
Une génération de perdue
La nouvelle étude publiée le 31 mars par le Forum économique mondial fait ce triste constat : dans la lutte pour l’égalité femmes-hommes et pour les droits des femmes, nous venons de perdre 30 ans en 1 an de crise.
30 ans, c’est une génération entière. Cela veut dire « qu’il faudra désormais au total, au rythme actuel, 135,6 ans pour réduire l’écart entre femmes et hommes dans le monde, tant sur le plan économique que politique, de santé ou encore d’éducation » annonce le rapport.
De manière générale, en matière d’éducation, d’émancipation politique et de travail, la France ne tient pas le haut du tableau et se place 16ème au rang des pays les plus égalitaires (les meilleurs élèves restant les pays nordiques depuis plusieurs années). Dans l’hexagone, à travail égal, le revenu, lui ne l’est pas : le salaire des femmes ne représente que 71 % de celui des hommes. Aujourd’hui, plus d’un tiers des salariées françaises estime que l’épidémie de Covid-19 a des conséquences négatives sur leurs perspectives de carrière (enquête BCG/Ipsos, février 2021). Ce retour en arrière pour la parité au travail risque d’engendrer une moindre participation des femmes sur le marché du travail.
Une charge de travail inégale
Préparer plus souvent les repas, passer quelques coups d’aspirateurs supplémentaires, … à la maison, la charge de travail a augmenté au rythme des confinements, restrictions, fermeture des écoles et autres lieux d’accueil. Selon un rapport publié fin 2020 par l’Organisation des nations unies (ONU), la charge domestique a bien augmenté pour tous les foyers. Même si les hommes sont impactés, la charge domestique a surtout explosé chez les femmes – alors qu’elle était déjà trois fois plus importante pour les femmes que pour les hommes, avant la pandémie ! Dans ce contexte, le travail rémunéré a du mal à trouver sa place et la baisse de la productivité est un risque majeur. D’ailleurs, lors du premier confinement en France, les mères ont deux fois plus souvent que les pères, renoncé à travailler pour garder les enfants (source INSEE). Des femmes en activité aujourd’hui pourraient aussi être contraintes de « rentrer à la maison », car leur emploi est menacé par la crise, comme dans les secteurs du service, du tourisme, ou de l’hôtellerie-restauration. Dans d’autres secteurs, comme celui de la santé et des soins, les femmes représentent 70 % des ressources humaines. Elles sont d’ailleurs fortement mobilisées depuis le début de la crise sanitaire tout en étant les plus exposées au Covid-19. Pourtant, elles ont un accès limité aux postes à responsabilité et sont généralement moins bien rémunérées que les hommes.
Pour les familles monoparentales, la situation est exacerbée : 80 % des familles monoparentales en France sont composées par des femmes. Depuis un an, la plateforme d’écoute « Allo, parents en crise » reçoit beaucoup d’appels, dont 40 % proviennent de femmes seules avec enfants. « Les femmes sont bien plus à risque de se retrouver dans une situation précaire et une détresse psychologique » rapporte la Présidente du Laboratoire de l’Egalité, Olga Trostiansky, qui a co-rédigé un avis au CESE (Conseil économique, social et environnemental) sur les inégalités femmes-hommes pendant la crise sanitaire. Une situation d’autant plus inquiétante quand on sait qu’en France, parmi les mères isolées qui travaillent, plus d’une sur quatre vit sous le seuil de pauvreté (étude Ofxam 2019).
Des pistes et des solutions à encourager
En encourageant les politiques de genre, on peut construire dès maintenant les opportunités pour plus d’égalité. Le CESE, qui a formulé une liste de 18 propositions à la suite de son étude, préconise pour le télétravail par exemple, que « toute décision sur les conditions de son organisation doit être précédée d’une analyse d’impact genrée ». Quant à la réduction de la charge mentale, il propose d’améliorer l’accès et la prise en charge financière de la garde d’enfants, pour une meilleure articulation des temps de vie.
Aujourd’hui, les entreprises doivent aussi prendre conscience que la place des femmes au sein des organisations représente un formidable levier de performance. L’Institut Montaigne en parlait déjà en 2019 dans ses recherches : plus la présence féminine est forte, plus les entreprises gagnent en performance, en croissance et en productivité. Par ailleurs, pour progresser dans le monde du travail de demain, les politiques et les sociétés doivent aussi encourager la formation et la qualification des femmes vers les secteurs économiques porteurs, comme les nouvelles technologies. Elles sont proportionnellement moins présentes que les hommes dans ces domaines, mais les métiers du high-tech, du digital et de l’innovation construisent pourtant le monde de demain.
Chez Share(d), on travaille aussi à des solutions de soutien à l’équilibre vie pro/vie perso. Grâce à l’appli Share(d), une palette d’outils pratiques permet aux familles de mieux s’organiser et de partager leur charge mentale de façon équitable. Nous proposons également d’accompagner les entreprises pour améliorer l’égalité F/H et la qualité de l’équilibre des temps de vie.
Laissons le mot de la fin à une autre femme, Hillary Clinton : « les femmes sont le plus grand réservoir inexploité de talents au monde ». Il est urgent de saisir l’occasion de créer un monde reconnaissant l’égalité des femmes et des hommes, pour faire briller tous les talents !