Avez-vous déjà eu à gérer un problème de nounou, ou à réserver un rendez-vous chez le pédiatre durant votre temps de travail ? Si la réponse est oui, c’est normal. Et pas d’inquiétude, c’est arrivé à votre patron aussi !
Déjà avant la crise sanitaire, et comme plus de 90 % des salariés français, vous passiez entre 30 minutes et 3 heures par semaine à gérer un aspect de votre vie privée au travail.
La pandémie a aggravé la tendance, en brouillant encore plus les frontières entre les temps et les lieux de vie professionnels et personnels.
L’imbrication des temps de vie et du bien-être
Une étude de 2019 [1] montrait déjà que les problèmes personnels des salariés avaient un impact sur leur performance au travail et dans leur évolution de carrière. Le stress du quotidien et la gestion des obligations de sa vie privée – la bien connue charge mentale – empiètent parfois sur la sphère professionnelle.
Fatigue des jeunes parents, problème de garde d’enfant, soucis financiers du foyer, parent âgé dépendant, gestion des tâches quotidiennes de la maison…, la liste des tracas du quotidien est longue et sans limite !
La charge mentale professionnelle n’est pas en reste. Les soucis du bureau s’invitent aussi volontiers à la maison. L’empiètement du temps de travail sur la vie personnelle est particulièrement marqué chez les cadres (Baromètre Santé et QVT Malakoff Humanis, février 2019 [2]) :
- 47 % (vs. 23 % non-managers) d’entre eux consultent leurs emails en dehors du travail ;
- 59 % (vs. 35 % non-managers) restent joignables pendant leurs congés ;
- 36 % (vs. 16 % non-managers) continuent de travailler chez eux en plus des horaires de travail
Depuis quelques années, les entreprises s’intéressent à la Qualité de Vie au Travail (QVT). Un salarié heureux et équilibré est plus productif et plus motivé pour mener à bien ses missions.
Déjà avant la pandémie, certaines entreprises proposaient à leurs salariés la possibilité de télétravailler, afin d’offrir plus de flexibilité des agendas. Mais seule une entreprise sur deux s’engageait sur ce terrain selon l’étude de 2019.
La crise sanitaire est passée par là… et la qualité de vie au travail ne se mesure plus seulement au bureau, mais désormais aussi à la maison.
Un an après le début de la pandémie, quels impacts sur l’équilibre des temps de vie ?
Le télétravail s’étant généralisé depuis un an, les frontières entre sphères privées et professionnelles sont encore plus poreuses qu’avant.
Pandémie et télétravail, un cocktail « explosif »
Les confinements successifs, les fermetures des écoles, les restrictions de déplacement et bien sûr la généralisation du télétravail ont forcé des millions de salariés et leurs entreprises à s’adapter. Le cabinet Boston Consulting Group (BCG) et l’Institut Ipsos[3] ont étudié ces changements de comportements et d’habitudes professionnelles.
Avec le télétravail forcé par exemple, séparer les moments de travail et de vie privée est devenu plus difficile pour les salariés :
- 50 % d’entre eux effectuent davantage de tâches domestiques,
- 41 % déclarent avoir moins de temps pour eux,
- 31 % à travaillent plus souvent le soir ou le week-end, par rapport à l’avant-Covid.
En septembre dernier, des chercheurs de Harvard ayant analysé les échanges et les calendriers numériques de 3 millions d’employés confinés chez eux en Europe, aux États-Unis et au Moyen-Orient ont conclu que les journées de travail s’étaient allongées (+ 48,5 minutes par jour, soit plus de 4 heures supplémentaires hebdomadaires), ponctuées par un plus grand nombre d’emails (+ 5% d’emails internes) et de réunions (+ 12,9 %).
Les performances au travail ont pourtant diminué pour plus d’un tiers des salariés, et la fatigue et le stress des français se sont aggravés. Face à ces situations, certains salariés développent des réactions liées au stress, à l’anxiété ou à la déprime. Les risques psycho-sociaux (RPS) sont devenus le deuxième motif d’arrêt de travail en 2020 (après le Covid-19).
Travail parental et temps de travail professionnel : la double dose de stress !
Si le premier confinement en France (période de mars à mai 2020) a été perçu par de nombreuses familles, comme une chance pour renforcer les liens parents-enfants, le sondage Harris [4] commandé par le gouvernement, montre que l’année 2020 reste majoritairement vécue par les familles comme une période de doutes (67 % ressentent plus d’incompréhension que d’habitude), de tristesse (65 %) et de fatigue (62 %).
Le télétravail est un facteur important de stress pour les parents puisque 16 % des personnes ayant télétravaillé déclarent que les relations enfants-parents se sont dégradées, contre 11 % en moyenne.
Les jeunes parents sont ceux qui ont rencontré le plus de difficultés à s’occuper de leurs enfants depuis le début de la crise sanitaire. L’enquête Ipsos sur l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes[5] (janvier 2021) rapporte que l’impact est encore plus prononcé pour les jeunes mamans salariées (43 % de femmes contre 37 % d’hommes).
Aurélie J., graphique-designer dans une entreprise d’édition a vu ses journées s’allonger. En télétravail depuis un an, elle constate : « Le temps que j’ai gagné sur mes trajets quotidiens s’est comblé tout seul par beaucoup plus de travail ! ». Elle s’autorise rarement des pauses déjeuner ou de déconnexion par peur de ne plus être joignable. Comme elle doit régulièrement gérer l’école à la maison quand un de ses enfants est en quarantaine (malade, cas contact ou école fermée), elle culpabilise de ne pas être assez opérationnelle au travail.
Les recherches de l’American Psychological Association ont montré que la période est vécue comme plus stressante par les parents que par les non-parents.
Mettre en place des bonnes pratiques en entreprises pour favoriser l’équilibre des temps de vie
Lors de la semaine de la QVT 2020 qui s’est déroulée en juin dernier, les entreprises du réseau de l’Observatoire de la QVT ont fait un constat commun : l’équilibre des temps de vie, totalement chamboulé par la crise sanitaire, doit être amélioré et soutenu par des actions concrètes.
En effet, il est indispensable de tirer les leçons de la période actuelle pour adapter nos pratiques. Il est possible de tirer profit du télétravail pour améliorer la QVT et l’équilibre des temps de vie, en encadrant le télétravail et en soutenant les salariés et en particulier les salariés-parents.
Encadrer le télétravail et former les managers
En télétravail, les managers doivent maintenir le lien tandis que les salariés doivent apprendre à se réguler. Accompagner et soutenir le télétravail passe par la définition claire des règles et des conditions, à travers par exemple la diffusion d’une charte ou d’un livre blanc.
- L’entreprise doit se doter de dispositifs de suivi du temps de travail et de contrôle de l’application du droit à la déconnexion. Les managers sont les garants de ces temps de déconnexion, pour limiter le surinvestissement, source de déséquilibre entre vie personnelle et professionnelle.
- Le télétravail nécessite aussi un espace approprié, calme et avec les équipements adaptés. Si ces conditions ne sont pas réunies à la maison, l’entreprise doit envisager des solutions alternatives, comme donner la possibilité aux parents d’être avec leurs enfants à certains moments de la journée (en terminant leur travail plus tard le soir) ; ou donner un accès privilégié à l’entreprise pour certains salariés ; ou encore prévoir l’accès à un tiers-lieu ou un co-working pour les salariés pour lesquels le travail à domicile est compliqué.
- Enfin, l’entreprise doit investir sur le collectif qui est un élément indispensable du bien-être professionnel. Même si la technologie permet de gagner du temps dans le travail, elle a contribué à déshumaniser les relations sociales. Mathieu Souchet, ancien DRH en entreprises et maintenant consultant en RH en est convaincu. « Pour renforcer les liens sociaux, il faut maintenir un dialogue de qualité et une communication transparente ». Il prône par exemple la formation des managers pour mieux gérer le management des équipes à distance, et les incite à consacrer plus de temps à leurs équipes. « Ces temps de discussion font diminuer la charge mentale car on a l’occasion de s’exprimer, de partager des idées, des questionnements, des méthodes de travail, etc. ».
Renforcer le soutien à la parentalité en entreprise
Les entreprises s’emparent de plus de plus de la question du soutien des salariés parents. Malheureusement les mesures proposées sont bien souvent ponctuelles (chèques cadeaux pour Noël par exemple) ou limitées aux périodes de grossesse ou à la périnatalité. Or tous les parents ont besoin de soutien et encore plus depuis la pandémie.
Mathieu Souchet, ancien DRH en entreprises et maintenant consultant en RH, alerte : « Attention à ne pas se limiter à des actions superficielles, cosmétiques. L’important, précise-t-il, est d’apporter du sens aux différentes actions menées, pour nourrir la réflexion des salariés ».
Chez Share(d), on travaille pour vous proposer des mesures concrètes et qui ont du sens :
- Une application pour aider les salariés parents à s’organiser et communiquer,
- Des actions de sensibilisation pour réduire la charge mentale et équilibrer les temps de vie,
- Des services intégrés adaptés pour tous les parents, pour soulager leur quotidien et améliorer leur bien-être.
N’hésitez pas à nous contacter si nos services vous intéressent.
[1] société Yoopies, en partenariat avec le LabRH : https://yoopies.fr/presse/etude-yoopies-charge-mentale-au-travail
[2] https://www.myrhline.com/actualite-rh/la-qualite-de-vie-au-travail-conciliation-des-temps-de-vie.html
[3] https://www.bcg.com/fr-fr/press/19february2021-covid-19-crisis-turning-back-for-work-gender-parity
[4] https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/note_harris_-_les_familles_a_l_epreuve_de_la_crise_sanitaire.pdf
[5] https://www.ipsos.com/sites/default/files/ct/news/documents/2021-01/egalite_professionnelle_entre_les_femmes_et_les_hommes.pdf