Entre confinement, télétravail et garde d’enfant, cette dernière année a été particulièrement contraignante pour les salariés-parents.
Yaël, à la fois salariée au sein d’un grand groupe de services financiers et entrepreneure, et maman célibataire de trois enfants, a partagé son expérience avec nous.
En quoi consistent vos activités professionnelles ?
Dans le cadre de mon activité salariale, j’occupe deux fonctions. Ma première fonction consiste dans le fait de promouvoir la diversité et l’inclusion, et donc de lutter au quotidien contre les comportements inappropriés tels que le sexisme, le harcèlement moral et/ou sexuel, le racisme, l’homophobie… Je suis également en charge de veiller à la mixité, je m’assure par exemple que la parité entre les femmes et les hommes soit bien respectée, ou que les collaborateurs viennent d’horizons différents. Parallèlement, je suis chargée de promouvoir l’innovation au sein des DSI du groupe. À ce titre, j’anime la communauté des responsables innovation de l’entreprise.
À titre personnel, j’ai fondé l’entreprise Divers-IT pour résoudre les problématiques de mixité au sein des équipes Techniques. Nous proposons ainsi des ateliers de programmation informatique aux enfants, quel que soit leur genre ou milieu social.
Dans ce contexte de crise sanitaire, avez-vous été contrainte de pratiquer le télétravail ?
Oui je suis 100% du temps en télétravail et ce depuis le début de la crise sanitaire.
Avant la crise, nous avions déjà la possibilité de pratiquer deux jours de télétravail par semaine, donc c’est donc une pratique à laquelle j’étais habituée et que j’appréciais.
Par ailleurs, au début de la crise sanitaire, j’ai été sollicitée par la direction de mon entreprise pour rédiger un Livre Blanc sur le Travail de Demain. J’ai ainsi mené une réflexion profonde sur le travail à distance et j’en ai conclu que ce qui compte vraiment, ce n’est ni le lieu ni notre manière de travailler mais le livrable et les résultats. Partant de ce principe, j’estime que l’on peut travailler d’où on veut et comme on veut, et c’est d’autant plus vrai qu’aujourd’hui, le lieu de production n’est plus une infrastructure mais notre ordinateur. La généralisation de ce mode de travail ne m’a donc pas dérangé, et nombre de collaborateurs se sont révélés plus productifs à la maison.
Bien entendu, cela n’a pas été aussi simple pour tout le monde. Certains ont besoin d’être dans un cadre de travail déterminé, dans un contexte professionnel, avec plus ou moins de collègues autour pour être productifs, et il faut le prendre en compte.
L’aîné de mes trois enfants est indépendant, j’ai donc à ma charge un jeune étudiant et une petite fille en CM2. Mon fils étudiant étant autonome, l’enjeu était surtout d’occuper ma fille et faire l’école à la maison, en plus des tâches habituelles : préparation des repas, lessives, ménage etc.
Et bien malgré tout, je trouve que ça s’est très bien passé, tout simplement parce je ne me suis pas révélée parent l’année dernière !
Dès son plus jeune âge, j’ai appris à ma fille à peindre, à dessiner, à colorier… Pour résumer : à faire les choses par elle-même. Bien entendu, quand elle était toute petite, nous faisions les activités ensemble. Pâte à modeler, sortie au parc, visite de musée… Comme les écrans ne l’ont jamais intéressé, il fallait vraiment que je sois mobilisée pour trouver des activités variées !
Ce n’était pas toujours évident, parfois en tant que parent nous avons juste envie de souffler devant un bon livre ou surfer sur internet depuis notre téléphone, mais à mon sens, la meilleure façon de rendre nos enfants autonomes c’est en passant du temps de qualité avec eux et en faisant avec eux. Petit à petit, ma fille a donc gagné en autonomie et y a pris goût, et aujourd’hui elle se gère toute seule, ce qui a drôlement aidé lorsque les écoles ont fermé et que je télétravaillais.
Même lorsqu’ils deviennent autonomes, j’accorde une grande importance à passer du temps avec mes enfants et à m’intéresser à ce qu’ils font. Je me suis déjà retrouvée sur le tatami pour un cours de Taekwendo, et je joue souvent au ping-pong ou à la pétanque avec eux !
Les enfants étant à l’école la journée, la question se pose surtout en soirée et le week-end.
En semaine, mes enfants ont pour habitude d’être dans leur chambre à 21h, quel que soit leur âge. À partir de 21h donc, c’est le temps des parents. Lorsque j’étais en couple, nous regardions des séries. Depuis que je suis séparée, j’utilise ce temps pour peindre, pour écrire, pour travailler sur mon projet entrepreneurial… Le soir c’est pour moi, le week-end, je le consacre à mes enfants.
Tout d’abord, elle m’a donné l’opportunité de lancer le projet Divers-IT dans le cadre d’un programme intrapreneurial, ce qui me permet aujourd’hui d’être à la fois salariée et fondatrice de ma propre structure.
Dans ce contexte si particulier, elle a également fourni le matériel pour que nous puissions travailler à distance dans les meilleures conditions. Par ailleurs, ils sont attentifs au bien-être des collaborateurs et sont prêts à autoriser un retour sur site pour des raisons d’équilibre mental par exemple.
De quoi auriez-vous eu besoin pour vous faciliter encore plus la tâche ?
Comme on est à la maison, on gère le temps et l’espace différemment et il arrive que nos réunions s’enchainent et qu’il n’y ait plus de temps de pause. Il aurait été intéressant de faire évoluer le rythme de travail en instaurant par exemple des réunions de 50 minutes plutôt qu’une heure, pour toujours avoir 10 minutes de battement.
J’aurai également apprécié avoir une journée par semaine sur site, ne serait-ce pour bouger, s’aérer et briser la monotonie. J’ai parfois eu l’impression de revivre continuellement la même journée et d’être dans le film Un jour sans fin. Et sur la balance, la sédentarité ne pardonne pas ! Je me suis mise à marcher sur l’heure du déjeuner pour y remédier, mais la santé et la forme physique est un véritable enjeu.
Pour tout vous dire, je suis récemment retournée sur site, et j’avais l’impression de faire ma rentrée des classes ! Je m’étais apprêtée, j’étais heureuse d’y retourner. Après tout, nous sommes des êtres sociaux, et si nous travaillons dans un grand groupe, c’est parce que nous cherchons aussi le lien social, sinon nous serions freelances. Le parvis bondé de la Défense, qui me donne cette impression d’appartenir à quelque chose de grand, me manque.
Avez-vous un conseil à donner aux autres parents télétravailleurs ?
Je pense qu’il faut de la discipline. Il faut se contraindre à se lever à une certaine heure, à se laver, s’habiller, se brosser les dents, et démarrer sa journée de travail. Mon conseil : appliquer les règles qui faisaient la vie en société au domicile, garder une routine, même si c’est dur.