Malgré les progrès et les bonnes intentions, aujourd’hui, la parité femmes-hommes fait encore et toujours partie du débat politique et social. Et l’égalité, cette grande valeur républicaine française, cherche aussi sa place au sein des entreprises. Au-delà de la quête de justice sociale, des études successives ont démontré que l’intérêt (s’il en fallait un !) n’est pas seulement éthique, mais aussi économique. La parité au sein des entreprises est-elle devenue un nouvel outil d’amélioration de leur performance ?
L’égalité femmes-hommes au travail, créatrice de valeur pour l’entreprise
En France, l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes est inscrite dans le Code du Travail depuis 1972. Lois sur la parité pour l’égalité professionnelle ou pour réduire les écarts de salaire, loi contre le harcèlement ou plus récemment loi Copé-Zimmermann sur la représentation des femmes aux Conseils d’Administration : toutes favorisent l’avancée de l’égalité entre les femmes et les hommes dans le monde du travail.
Malgré les efforts du législateur, la réelle égalité professionnelle est encore loin :
- Seulement 12 % de femmes occupent des postes de direction dans la fonction publique.
- Dans le secteur privé, les écarts de salaires, tous postes confondus, sont d’environ 25 % (12 % dans le secteur public).
- Une femme a 60 % de chance de moins qu’un homme d’accéder aux postes les mieux rémunérés.
- 12 entreprises du CAC 40 ne comptent aucune femme dans leur instance de direction.
(chiffres Insee 2017 et Institut Montaigne 2019).
Certes, des avancées significatives ont été accomplies, mais elles restent insuffisantes.
Au-delà des dispositions imposées par la loi, une conclusion plus empirique émerge : la parité en entreprise représenterait un enjeu d’efficacité économique. Une étude du cabinet McKinsey de 2017 indiquait alors que les entreprises ayant une réelle diversité de genres dans leurs équipes étaient jusqu’à 35 % plus susceptibles de surpasser leurs concurrents ; ce facteur pouvant même améliorer leur performance de plus de 15 %. En 2020, le même cabinet confirmait cette tendance, mettant en avant l’augmentation significative de la performance des entreprises lorsqu’elles comptaient plus de femmes dans leurs instances de direction. Sur un échantillon de 300 entreprises dans le monde, celles-ci étaient à 47 % plus rentables que les entreprises n’ayant aucune femme aux postes de management !
« La féminisation du management engendre plus de résultats pour l’entreprise, de meilleures performances en RSE et même une diminution du risque financier. »
Michel Ferrary, professeur de management à l’université de Genève et chercheur-affilié à Skema Business School, avait fait le même constat en 2010, après avoir étudié la performance économique et boursière des entreprises du CAC 40 sur la période 2002-2006. Les entreprises ayant plus de 35 % de femmes dans l’encadrement engendraient plus de rentabilité, de création d’emploi et de productivité. Il a réitéré ses conclusions en 2020, en étudiant les données des entreprises du CAC 40, après les premiers impacts de la crise du Covid-19. Courbes à l’appui, il en conclut que la féminisation du management engendre plus de résultats pour l’entreprise, de meilleures performances en RSE et même une diminution du risque financier.
Loin des supposées vertus naturelles attribuées aux femmes, ces observations s’expliquent par trois facteurs déterminants :
- La diversité des talents : la parité semble augmenter la diversité et la disponibilité des talents. Cette diversité des points de vue permet une meilleure pénétration des marchés (les femmes représentant plus de 50 % de la population).
- La « surperformance » : pour s’adapter et faire reconnaître leur talent, les femmes doivent « surperformer » pour se hisser aux mêmes rangs que les hommes.
- L’engagement : la parité apporte une variété dans les approches managériales, permet de diversifier les styles de leadership, et vient donc renforcer la mobilisation des collaborateurs et leur engagement envers l’entreprise.
Notre offre pour les entreprises
Avec des équipes aux profils variés et complémentaires, les entreprises s’offrent la possibilité d’être plus innovantes, plus créatives et plus adaptées à un monde économique complexe. Aujourd’hui, près d’un dirigeant sur deux estime qu’améliorer l’égalité femmes-hommes est un moyen d’attirer les meilleurs talents féminins. Et ils ont raison : 60 % des diplômés de master sont des femmes. Il serait dommage de se priver de ces talents-là !
L’égalité femmes-hommes au travail, reflet de la justice sociale
La quête de mixité sociale au sein des entreprises est le reflet de la volonté sociétale d’accorder aux femmes les mêmes droits que les hommes. Mais il faut bien reconnaître que cette quête d’égalité des genres relève de l’intérêt général. Hélène Périvier, économiste, chercheuse et cofondatrice du Programme de Recherche et d’Enseignement des Savoirs sur le Genre (PRESAGE) à Sciences Po en est convaincue. Selon elle, « il ne faut pas justifier la quête d’égalité par la performance économique uniquement », craignant qu’un jour, d’autres études viennent à démontrer que les discriminations auraient des bénéfices économiques !
Selon elle, « c’est d’abord au nom du principe de justice que l’on doit défendre l’égalité. Son respect peut être ressenti comme un signe de bonne santé pour les sociétés humaines au sens large, ou pour une entreprise à une échelle plus réduite. Mais il ne faut pas renverser l’ordre des priorités. L’économie doit rester au service de la justice et du bien-être et non l’inverse »
(source : interview pour l’Express, janvier 2020).
Au nom de l’éthique et de la justice sociale, l’égalité de traitement entre les femmes et les hommes reste donc bénéfique aux entreprises. Et même s’il faut en passer par des incitations politiques ou réglementaires, il en va de l’intérêt de la société tout entière.
Les femmes représentent près de 52 % de la population française et environ 49 % de la population mondiale. Les entreprises qui ressemblent à la société au sein de laquelle elles se développent ont plus de chance d’être performantes car elles seront aussi en phase avec les consommateurs auxquels elles s’adressent.
In fine, une entreprise a-t-elle pour seule et unique vocation de générer du chiffre d’affaires ? Sa place est influente, elle est un puissant levier de transformation de la société. Bien plus qu’avant, les nouvelles générations qui entrent sur le marché du travail ont des attentes éthiques et sociétales vis-à-vis de leur employeur. En favorisant l’égalité femmes-hommes, les entreprises montrent qu’elles sont à l’écoute de la société moderne.
Pour inciter les entreprises à poursuivre leurs efforts et à respecter l’égalité des sexes dans leurs organisations, le ministère du Travail a mis en place depuis 2019, l’index égalité femmes-hommes. Cet index oblige chaque année, toutes les entreprises d’au moins 50 salariés à calculer et publier leurs données sur l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes (embauche, promotion, salaire, formation, etc.). Les mauvais élèves peuvent être sanctionnés et invités à revoir leur politique sociale.
Au-delà de ces outils contraignants, on constate que les entreprises réellement investies sur le sujet, ont aussi mis en place des actions concrètes d’amélioration de la qualité de vie au travail, bénéfiques à tous les employés. Ces actions en faveur de la QVT, aujourd’hui incontournables dans beaucoup d’entreprises, favorisent le bien-être des équipes, améliorent l’image de la marque employeur et attirent plus facilement les nouveaux talents. Les entreprises qui s’engagent, aussi bien sur le plan éthique qu’environnemental ou sociétal, ont plus de chance de séduire et fidéliser, autant à l’interne qu’à l’externe.
Pour lutter concrètement contre les inégalités femmes-hommes, tant en entreprise que dans la société, nos comportements doivent évoluer. Car nos préjugés ont un impact ! La formation et la sensibilisation sont des outils efficaces pour « débiaiser » les méthodes de travail ou encore les processus de décision basés sur des préjugés inconscients. Share(d) peut vous accompagner sur ces sujets, et propose des actions de sensibilisation en matière de QVT et d’égalité femmes-hommes. L’institut Montaigne, qui publie régulièrement des recommandations sur la diversité et la parité, recommande de dégenrer les sujets relatifs à la place des femmes pour accompagner l’évolution de la société (revoir la gestion du temps d’absence comme de présence, lutter contre les stéréotypes dès l’école, etc.).
Ainsi, en se souciant réellement de la parité femmes-hommes et du traitement égalitaire des genres au sein de leurs organisations, les entreprises se préparent mieux à l’avenir !