Le « slow parenting » émerge doucement en France depuis quelques années. Ce mouvement qui fait l’éloge de la lenteur, propose des solutions pour ralentir le rythme de vie de parents débordés et d’enfants suractifs. Effet de mode ou tendance de fond ? Et si prendre son temps en famille était le secret d’une parentalité épanouie ?
Slow life et slow parenting
Les confinements successifs et la pandémie ont eu un effet inattendu mais bien réel : nous avons été obligés d’aménager notre façon de vivre en famille, et pour beaucoup de ralentir le rythme. Cette tendance de fond appelée « slow life » touche toutes les sphères de la vie, comme un art de vivre qui invite à partager plus de temps avec ses proches, à prendre le temps de faire ce qu’on aime. Cet art de vivre s’intéressait déjà à la parentalité avant la covid-19. Né aux États-Unis il y a une dizaine d’années, le « slow parenting » recommande cette même approche : prendre son temps avec ses enfants.
Bien plus qu’un mantra, il s’agit d’être parent sur un mode plus lent et encore plus à l’écoute du rythme de l’enfant. « Slow is the new fast », ou comment la lenteur nous aide à avancer davantage…
S’affranchir des semaines trépidantes
Les livres et les articles se multiplient, les constats d’experts aussi : les parents sont de plus en plus exigeants avec leurs enfants. Cours de langues, pluriactivités, sports, musiques… la course sans fin à plus de performance (supposée) et la stimulation permanente est effrénée. À tel point que les médecins tirent la sonnette d’alarme. Le burn-out n’est plus seulement parental, la pression sur les enfants les fait souffrir des mêmes maux que leurs aînés.
La charge mentale affecte aussi les enfants. Hyper-stimulés, avec un emploi du temps surchargé, les enfants sont fatigués et perdent en concentration. C’est l’inverse de l’effet escompté sur leurs capacités d’apprentissage.
Certains en perdent même leur faculté à jouer seul, à stimuler leur imaginaire ou leur créativité, indispensable à leur bon développement.
Bernadette Noll, auteure sur la parentalité et Carrie Contey, psychologue, co-créatrices de l’association américaine «
Slow Family Living » et d’un best-seller éponyme, veulent réapprendre aux parents à prendre du temps en famille. En vacances comme dans la routine quotidienne, elles recommandent de créer des moments qualitatifs ensemble. Remplacer la quantité par un moment de qualité, adapté aux capacités émotionnelles et cognitives de l’enfant.
Redonner du temps au temps
Les semaines, les mois, les années, tout va trop vite. Le stress du quotidien, la course contre la montre, font partie des facteurs de démissions qui touchent plusieurs secteurs économiques aujourd’hui, comme l’hôtellerie et la restauration. La recherche d’un nouvel équilibre des temps de vie motive de nombreux citadins à quitter les métropoles. Si cette prise de conscience impacte les jeunes actifs principalement, elle touche aussi les parents.
Le « Slow Parenting » replace la vie de famille et le rythme naturel des enfants au cœur des priorités.
Alors on éteint la télé, on range téléphone et tablette, et on passe des moments ensemble à cuisiner ou discuter le soir au diner. On apprend aux enfants à être bien chez eux, avec leurs jouets. On adapte le rythme et les horaires pour ne pas avoir à dire constamment : « dépêche-toi », « finis vite ». Le « slow parenting » nous oblige à choisir. Nul besoin d’annuler toutes les activités. «
L’important est plutôt que, même durant ces moments, nous ayons la capacité d’être présents. » précise Bernadette Noll, l’auteure de «
Slow Family Living ». Il suffit de prendre quelques minutes, parfois même quelques secondes, pour apprécier un temps de partages, de discussions, de câlins.
Malvina Girard, sophrologue, spécialiste en thérapie familiale, accueille de plus en plus de familles malmenées par les effets de la frénésie et du trop-plein sur les enfants et leurs parents. Dans son ouvrage sur le « slow parenting », elle donne des conseils pour diminuer le stress, apprendre à vivre ensemble, et prendre davantage de plaisir dans l’éducation de nos enfants. Outre les moments en famille, cela passe par exemple par des exercices de respiration, de relaxation ou de méditation.
Apprécier les bienfaits du slow parenting
Les bienfaits du « slow parenting » sont immédiats. L’enfant est plus serein et construit sa personnalité en apprenant que le temps est un allié et pas un ennemi. Solène, 37 ans, cadre financier en banque et maman de deux filles de 9 et 6 ans est adepte du « slow parenting ». « Entre mon travail, la maison et les filles, les journées étaient bien remplies. J’ai fini par me rendre compte que j’étais stressée tout le temps. Plus de temps pour moi ni pour elles. Sauf pour les emmener d’une activité à une autre. A la maison, tout le monde était tendu. J’ai eu envie de changer ça. » raconte-t-elle. L’essentiel pour Solène, a été de supprimer les écrans le soir ainsi qu’une activité extrascolaire par enfant. « Cela nous a incroyablement rapproché, nous profitons de moments informels pour discuter dans le salon ou simplement jouer à un jeu de société ».
Elle applique aussi ce changement à ses weekends. Finis les marathons : courses, activités, amis et familles, elle espace les obligations ou les répartit pendant la semaine quand c’est possible. « Mon mari et moi avons dû lutter contre nous-mêmes ! Désormais on accepte tout à fait de ne rien faire certains week-ends, on laisse les filles jouer sans « optimiser » leur temps libre, on ne se sent plus obligé de les occuper ».
Finalement
, la « slow life » appliqué à la parentalité permet de réduire la charge mentale des parents tout comme celles des enfants. Ces derniers peuvent développer davantage leur imaginaire à travers le jeu libre. Et enfin, la relation parents-enfants est plus forte. Vivre moins vite pour vivre moins stressé et prendre le temps d’aider nos enfants à se construire… et si on essayait ?