Harcèlement scolaire, comment en parler avec nos enfants ?

Temps de lecture : 6 min

Le harcèlement scolaire inquiète de plus en plus les familles. De nombreux parents sont démunis face à ce fléau. Voici quelques informations pour faire le point sur le harcèlement scolaire, le détecter et le prévenir.

Qu’est-ce que le harcèlement scolaire ?

Le harcèlement scolaire est une violence répétée et graduée de la part d’un ou de plusieurs élèves à l’encontre d’une victime, souvent isolée, qui ne peut se défendre. Qu’il soit physique, psychologique, verbal, ou à caractère sexuel, le harcèlement peut se produire partout. Cette violence peut se retrouver au sein de l’école, mais pas seulement. Le développement des technologies numériques et l’attrait des réseaux sociaux chez les jeunes a poussé le harcèlement au-delà des murs de l’école. En France, l’âge moyen du premier smartphone est aujourd’hui de 9 ans et 9 mois[1]. Enfants et adolescents étant désormais ultra-connectés, le cyberharcèlement contribue à l’augmentation du harcèlement scolaire, tandis que l’anonymat des réseaux sociaux offre aux agresseurs un sentiment d’impunité.

Les chiffres du harcèlement scolaire en France

D’après un rapport parlementaire daté du 13 octobre 2020, plus de 700.000 enfants sont victimes de harcèlement scolaire chaque année en France, soit 5 à 6 % des élèves français. Mais les associations évoquent, elles, une réalité plus sombre et un nombre d’environ 10 % d’élèves harcelés. Si la fiabilité des données du gouvernement est discutable – car les enquêtes sont peu nombreuses et pas assez récentes – ce phénomène reste préoccupant. Une étude IFOP de mars 2021[2] (en partenariat avec la région Île-de-France et l’association Marion Fraisse La main tendue) explique que ces violences auraient lieu majoritairement au collège (54 %) mais également en primaire (23 %) et au lycée (13 %). Phénomène de groupe – le trois quarts des actes étant le fait de plusieurs élèves, un quart d’un seul élève – le harcèlement scolaire se produit essentiellement entre pairs. 85 % des parents se disent inquiets à l’idée que leur enfant en soit victime.

Les différentes formes de harcèlement scolaire

Toutes les études l’indiquent : malheureusement, la moindre différence est prétexte à harcèlement. En effet, le harcèlement scolaire se fonde sur le rejet de la différence et la stigmatisation de certaines caractéristiques, comme un handicap ou un trouble de la communication (bégaiement…), l’identité de genre, l’apparence physique, l’orientation sexuelle (ou supposée), ou encore des centres d’intérêts différents ou l’appartenance à un groupe social ou culturel. Dans le milieu scolaire, le harcèlement et le cyberharcèlement peuvent prendre plusieurs formes et se cumuler :
  • intimidations, insultes, moqueries, menaces,
  • violences physiques, vols d’affaires personnelles, rackets,
  • mise à l’écart, rejet social,
  • chantage, humiliations, jeux dangereux, propagation de rumeurs
  • piratages de comptes, usurpation d’identité, publications non-désirées ou détournées de photos/vidéos de la victime.

Les conséquences du harcèlement

L’impact du harcèlement scolaire entre pairs a de lourdes conséquences sur les enfants harcelés :
  • dépression, anxiété,
  • somatisation (maux de ventre, de tête, etc.),
  • décrochage scolaire, voire déscolarisation,
  • sentiment d’insécurité,
  • troubles du comportement,
  • conduites à risque, voire suicidaires.
Outre les effets à court terme, les conséquences à long terme sur les jeunes victimes sont importantes et peuvent se prolonger à l’âge adulte. L’enquête IFOP indique que 63 % des personnes ayant été harcelées sur une longue période (plus de deux ans) gardent des séquelles, comme la perte d’estime de soi, le sentiment de honte, des difficultés à aller vers les autres, etc.

Les signes d’alerte d’un enfant harcelé

Si les enfants n’osent pas toujours parler de leurs problèmes à leurs parents, certains signes ne trompent pas :
  • baisse des notes et des résultats scolaires, baisse de l’envie d’aller à l’école,
  • isolement, désocialisation,
  • perte d’appétit, boulimie, anorexie,
  • somatisation, problèmes digestifs, maux de ventre, maux de tête,
  • troubles du sommeil,
  • forte anxiété, voire dépression,
  • modification du comportement, accès de colère, recours à la violence face à la frustration.
Il convient d’être attentif aux signes du quotidien et à tout type de changement, à la fois dans l’environnement scolaire mais également en termes de santé et de comportement. On peut questionner régulièrement l’enfant de manière informelle (« comment va ton copain Paul ? ») ou poser des questions précises pour savoir ce qu’il se passe (« à quoi as-tu joué avec Paul pendant la pause déjeuner ? »). Certains parents utilisent un film ou un livre pour aborder le sujet de façon indirecte. Enfin, les enseignants et les adultes qui encadrent l’enfant durant la journée ou les moments extra-scolaires sont une source d’informations importantes. En les alertant, ils seront plus vigilants et pourront peut-être détecter des comportements à priori, passés inaperçus.

Les mesures d’actions contre le harcèlement scolaire

Derrière chaque enfant harcelé, il y a des enfants harceleurs. La sensibilisation à la définition du harcèlement sous toutes ses formes, à son impact et ses effets, est indispensable auprès de tous les enfants, dès le plus jeune âge, à l’école comme à la maison. Quand on assiste par exemple à des situations de raillerie, quand on entend son enfant se moquer de quelqu’un, c’est l’occasion de lui rappeler que nos gestes et nos paroles peuvent être blessantes, et que chacun doit faire attention à son comportement. Pour aider un enfant victime de harcèlement, la communication reste le meilleur moyen. L’enfant doit comprendre qu’il n’est pas seul, et savoir que les adultes (parents ou autre personne de la famille, enseignants, animateurs, etc.) ont le devoir de le protéger et de l’aider. Il peut aussi en parler à un camarade qui pourra donner l’alerte. Si votre enfant vous confie être victime de harcèlement, n’hésitez pas à le rassurer, en le félicitant de s’être confié et en lui expliquant que ce n’est ni normal ni de sa faute. Si vous le pouvez, essayez d’identifier précisément tous les incidents (faits exacts, lieux, dates, heures, auteurs, témoins, réactions de votre enfant) et de réunir un maximum de preuves comme des messages sur les réseaux sociaux, des SMS, etc. Ensuite, l’établissement scolaire doit être informé au plus vite de la situation afin que les responsables soient rapidement identifiés et punis en conséquence, puis surveillés encore davantage, surtout après la dénonciation des faits. Il existe deux numéros verts, gratuits, anonymes et confidentiel, pour se faire aider et conseiller :
  • le 3020 « NON AU HARCÈLEMENT » (ouvert du lundi au vendredi de 9h à 20h et le samedi de 9h à 18h, sauf les jours fériés),
  • le 3018 « NET ECOUTE », si le harcèlement a lieu sur Internet (ouvert du lundi au vendredi de 9h à 19h).
Enfin, il faut savoir que le harcèlement scolaire est puni par la loi, même si les faits n’ont pas été commis dans l’enceinte d’un établissement scolaire. Il est possible de porter plainte (jusqu’à 6 ans après les faits) contre les auteurs quel que soient leur âge, voire contre le personnel éducatif si la victime ou ses parents estiment qu’il y a eu une faute d’une ou de plusieurs personnes de l’établissement.
[1]   selon l’enquête « La parentalité à l’épreuve du numérique » de l’institut Médiamétrie. [2] https://www.ifop.com/publication/harcelement-entre-pairs-en-milieu-scolaire-quelle-est-lampleur-de-ce-phenomene/
Publié par L’équipe Share(d)

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