Travail, enfants, transports, école, maison, dans les familles monoparentales, le rythme de vie des parents solos est toujours intense. La fatigue, la pression financière, la culpabilité ou encore le manque de temps font partie du quotidien. Share(d) a rencontré deux familles monoparentales : maman et papa solos témoignent de leurs difficultés mais aussi de leur force et de leur amour.
La famille monoparentale en France en 2022
Pas facile tous les jours d’être parent solo. Décision choisie ou subie, il faut du courage, de l’organisation et de la débrouille pour gérer une famille monoparentale.
La famille monoparentale, c’est quoi ?
« Être parent solo, c’est pouvoir ne compter que sur soi-même » résume Julie, maman isolée de deux enfants. En effet, une maman solo ou un papa solo, vivant célibataire avec un ou plusieurs enfants sous son toit constitue une famille monoparentale. La plupart des parents à la tête de familles monoparentales sont des femmes, soit huit fois sur dix. La situation résulte le plus souvent d’une séparation ou d’un divorce, ou plus rarement d’un veuvage. En cas de divorce ou de séparation, le parent ayant les enfants en résidence habituelle – aussi appelée garde exclusive – peut percevoir une pension alimentaire de la part de l’autre parent. Cependant, un quart des parents séparés n’en paie aucune, soit parce qu’aucune pension n’est fixée (décision des parents ou du juge) ou du fait d’un défaut de paiement. «Malgré la séparation, la fatigue, la culpabilité et le budget serré, je dois rester solide pour mes filles… car la vie continue ! » explique Julie. Comme beaucoup de parents solos, Julie connaît les fins de mois difficiles, les efforts importants pour concilier travail et vie de famille, la fatigue morale et physique… « avec le temps, je suis devenue la reine du système D. » ajoute-t-elle avec fierté.
Les familles monoparentales en quelques chiffres
Les familles monoparentales représentent 25 % des familles en France en 2022, soit une famille sur quatre. La configuration familiale la plus fréquente reste la famille « traditionnelle » (66 %). L’Insee estime qu’entre 2011 et 2020, la part des familles traditionnelles a diminué (– 3 points), alors que celle des familles monoparentales a augmenté (+ 3 points).[1] Les familles monoparentales hébergent le plus souvent un seul enfant, soit 47 %, contre 36 % pour l’ensemble des familles françaises. Les chiffres de l’Insee pointent un indicateur préoccupant : la précarité. 24 % des enfants des familles monoparentales habitent un logement surpeuplé car elles résident souvent dans des grandes villes ou leur banlieue, où les logements sont plus petits. Une situation de précarité moins fréquente dans le cas où les enfants de famille monoparentale résident avec leur père : les pères de familles monoparentales sont pour moitié propriétaires de leur logement (contre un quart des mères isolées), 81 % sont en emploi (contre 67 % des mères) et 18 % d’entre eux sont cadres (contre 10 % des mamans solos).
Familles monoparentales et vie professionnelle : « Difficile de concilier travail et famille quand on est maman solo »
Julie, maman de deux enfants de 9 et 11 ans, travaille comme attachée commerciale dans une entreprise de distribution d’emballages.
« Quand on est maman solo, en activité, c’est compliqué de trouver l’équilibre entre vie pro et vie perso. Et quand on y arrive à peu près, le moindre grain de sable vient tout chambouler. Je suis divorcée depuis 4 ans. J’ai découvert, à ce moment-là, que le monde du travail est abordable pour les couples ou les célibataires sans enfant, mais la famille monoparentale reste un tabou en entreprise, surtout pour les mères. Je peux dire sans hésiter que mon évolution de carrière a été stoppée dès que je me suis retrouvée seule avec mes enfants. Déplacements, réunions imprévues ou tardives (après 18h), réseautage ou sociabilisation sont un casse-tête. Au bout de quelques mois, j’étais perçue comme « moins motivée ». Lors d’un échange informel, un manager m’a dit qu’il fallait me montrer « plus ambitieuse, plus disponible pour ne pas perdre en responsabilité ». Le choc. J’ai eu très peur de perdre mon emploi, je me suis retrouvée à travailler le soir chez moi, après le coucher des enfants. Mais c’était intenable. Trop de pression, trop de stress, trop de charge mentale. Soit je décidais de passer à mi-temps, soit je m’organisais autrement. Je me suis posée mille questions, sur mon besoin de reconnaissance professionnelle, la culpabilité d’être vue comme quelqu’un qui ne travaillerait pas, le maintien de notre niveau de vie, le respect du rythme des enfants, etc. Finalement, j’ai fait le choix de continuer à travailler à plein-temps et j’ai pris une baby-sitter – j’ai eu la chance de tomber sur une étudiante super sympa et très flexible, habitant le même quartier. C’est un gros sacrifice financier : une partie de mon salaire couvre les frais de garde. Mais c’est un soulagement psychologique. Je ne suis pas une héroïne, capable de tout gérer toute seule, tout le temps. J’ai compris que j’avais besoin d’un soutien au quotidien pour m’aider à gérer la logistique, la maison et les enfants. Ni mon ex-conjoint, ni ma famille qui vit trop éloignée, ne peuvent m’aider. Alors pour l’instant, c’est le prix à payer pour passer plus de temps qualitatif avec mes enfants. Le télétravail a changé quelque peu les mentalités. Mon employeur a constaté que je restais engagée, voire davantage productive en télétravail. Depuis, je travaille de chez moi une journée par semaine. Certes, il y a une petite entraide entre parents, notamment avec ceux de l’école, mais il y a aussi du jugement. On me fait parfois remarquer que je devrais travailler moins. »
Familles monoparentales et estime de soi : « Il faut dépasser la culpabilité et se détacher du regard des autres »
Benjamin, papa solo d’une fille de 8 ans est collaborateur comptable en cabinet.
Quand on a divorcé, mon ex-femme a décidé de partir vivre aux Etats-Unis. Je me suis battu pour avoir la garde exclusive de ma fille. J’étais déjà un père très impliqué mais je l’admets : je ne m’attendais pas à toutes ces galères du parent isolé. Entre la logistique, les finances, l’intendance, l’administratif et le professionnel, je jongle en permanence. Je n’ai plus de temps pour moi, sauf quand ma fille part en vacances chez sa mère, deux fois par an. Au début, le regard des autres était très difficile à supporter. D’un côté, dans le cadre professionnel, un homme qui regarde sa montre car le parascolaire ferme à 18h30 ou qui pose des jours pour cause d’enfant malade, c’est encore très mal vu par le management. De l’autre, dans la société, un père qui élève seul sa fille, ça entraîne des jugements (« s’il ne sait pas lui attacher les cheveux, est-il capable de s’occuper d’elle ? ») et ça éveille des soupçons ou de la méfiance. Je suis questionné sans arrêt sur mon éducation, ma parentalité, ma situation personnelle. Ma fille subit aussi très souvent des remarques ou des questions insistantes sur sa famille monoparentale « hors-norme ». On s’entend souvent dire qu’elle a besoin d’une mère. C’est blessant. Patience, amour, et attention, m’aident à construire une relation forte et de confiance avec ma fille. Elle est toujours en contact avec sa mère, mais je suis son seul repère au quotidien en tant que parent. Alors, je lui consacre toute l’énergie, le temps et l’amour que je peux, pour qu’elle reste heureuse et épanouie, et souffre le moins possible de la situation. »
Maman ou papa solo, famille monoparentale, lorsqu’on est seul.e à élever ses enfants, l’organisation et l’anticipation sont indispensables pour gérer le quotidien et soulager sa charge mentale. Pour moins de choses à penser et plus de temps pour souffler, découvrez Share(d) ! Agendas, To Do Lists, Documents importants ou encore Carnets d’adresse sont à portée de main dans l’App d’organisation familiale Share(d), que vous pouvez aussi partager avec votre réseau d’entraide (mamie, nounou, parrain, voisine, tata, etc.).
[1] Enquête Insee 2020